Perspective
Consciousness Research Philosophy & Consciousness


Musique Et Psychédéliques : Un Mariage Parfait

Édité par Patricia Iacob

LA RELATION ENTRE LA MUSIQUE ET L’ESPRIT EST PROFONDE,  ELLE INFLUENCE LES EXPÉRIENCES AU NIVEAU NEURONAL, CORPOREL ET ÉMOTIONNEL.

La musique peut jouer un rôle vital dans l’expérience psychédélique. Les pratiques médicinales et spirituelles traditionnelles qui font appel aux substances psychédéliques comprennent de façon constante des composantes musicales, et quiconque a déjà expérimenté un état altéré de conscience peut attester que la musique du « set & setting » a un pouvoir unique d’influencer le voyage. Récemment, la recherche scientifique a commencé à investiguer sur l’importance de la musique pour encourager des résultats cliniques positifs dans la thérapie psychédélique. Pour mieux comprendre les contributions potentielles que la musique peut offrir au champ de la recherche psychédélique, nous examinons la relation historique entre les états altérés de conscience et la musique, l’effet de la musique sur le cerveau et sur le corps, et les applications futures de la musique à la psychothérapie psychédélique.

La Musique Comme Guide : Passé et Présent

La musique est un phénomène humain pratiquement universel, apparaissant comme un élément-clé dans les domaines du divertissement, du travail et des interactions sociales, tout comme dans les pratiques médicales et spirituelles.1 Les diverses pratiques traditionnelles qui font usage des psychédéliques sont presque toujours associées à la musique.2 Des « Icaros » chantés durant les cérémonies de l’Ayahuasca aux composantes musicales des rituels des champignons chez les Indiens Mazatèques ou du rite de passage de l’ibogaïne en Afrique de l’Ouest, la musique est reconnue comme jouant un rôle essentiel dans la guérison.3 Avec la découverte du LSD et l’essor de la recherche sur les psychédéliques dans les années 1960, o a pris conscience de l’impact majeur que la musique peut avoir en tant qu’aide thérapeutique, et des lignes directrices ont été élaborées pour l’utiliser dans des contextes cliniques afin de mieux soutenir les différentes phases de l’expérience psychédélique.4 À travers les cultures et les époques, l’association de musique et de substances psychoactives a été utilisée pour encourager la catharsis émotionnelle et promouvoir le développement personnel.

La Musique Dans Le Cerveau, Le Corps et l’Esprit

Il existe de nombreuses théories évolutionnistes sur les fonctions de la musiquequi visent à expliquer son impact significatif sur notre développement et notre culture, par exemple par ses effets sur le lien social et sur la sélection sexuelle. Notre compréhension des effets neurologiques et psychologiques de la musique continue également de s’accroître. Écouter nos morceaux préférés change non seulement l’activité du système nerveux autonome (en affectant la fréquence cardiaque, le tonus musculaire et la respiration), mais génère également des schémas d’activité cérébrale comparables à ceux provoqués par l’ingestion de substances stimulantes comme la cocaïne.5 La recherche dans le domaine de la cognition musicale montre que la décharge neuronale se synchronise avec les rythmes externes, modifiant les ondes cérébrales et de l’état d’esprit.

Les chercheurs sont curieux de savoir si la musique elle-même peut avoir certaines propriétés pour induire des états altérés de conscience, ou si elle accompagne et renforce simplement l’expérience d’autres états altérés.5 Il a été démontré que les substances psychédéliques sérotoninergiques ont des effets notables sur la perception de la musique : les régions du cerveau qui répondent à la musique chevauchent partiellement les structures qui sont altérées par la consommation de psychédéliques, interagissant fortement pour influencer la perception auditive. Une étude menée par Kaelen et al. a également montré que la synergie  du LSD et de la musique augmente la connectivité du cortex parahippocampique et du cortex visuel, changements qui sont corrélés avec une augmentation de l’imagerie mentale visuelle et des scènes autobiographiques du passé.7 La relation entre la musique et le cerveau est profonde, influençant les expériences au niveau neuronal, corporel et émotionnel.

Musique et Thérapie Psychédélique

Dans un cadre thérapeutique, il est fréquemment décrit que la musique intensifie les émotions et l’imagerie mentale, ou même qu’elle « prend le relais » et guide la personne tout au long de l’expérience. La relation va dans les deux sens : des études récentes montrent que la psilocybine renforce la beauté et la signification de la musique,8 mais aussi que les ajouts musicaux ont été associés à une augmentation des expériences mystiques en milieu clinique, les patients soulignant l’importance de la musique dans leur expérience.9 On rapporte que la musique procure un sentiment de calme et de sécurité aux patients en thérapie psychédélique6 et favorise la résolution significative de la souffrance psychologique, des percées qui sont prévalentes dans la thérapie psychédélique.10 En raison du rôle central que la musique semble jouer dans le cadre de la thérapie psychédélique, elle a récemment été surnommée « le thérapeute caché »6 de par les fortes associations entre la qualité de l’expérience musicale et le résultat thérapeutique.

Conclusion

Alors que nous avançons dans le champ de la recherche sur les psychédéliques, la musique est un facteur important à prendre en compte. À l’avenir, la personnalisation de la musique en fonction des patients pourrait aider à harmoniser l’expérience thérapeutique et à augmenter les résultats bénéfiques. La musique peut accompagner, faciliter et guider la libre expression des émotions, créant ainsi un espace sécurisant pour abandonner le contrôle psychologique et lâcher prise/se laisser aller. Les effets thérapeutiques de la musique sont largement reconnus dans la littérature et dans le domaine de la santé, et en combinant ces découvertes avec les indices des traditions indigènes et les recherches actuelles sur la thérapie psychédélique, nous observons continuellement l’interaction positive entre la musique et les psychédéliques et le pouvoir de ces éléments d’apporter des changements positifs.

L’utilisation de la musique peut également jouer un rôle important lorsqu’il s’agit d’intégrer des expériences psychédéliques. Si vous êtes curieux d’en savoir plus à ce sujet, jetez un coup d’œil à nos ateliers BEYOND EXPERIENCE.

Disclaimer : la traduction de cet article a été rédigée et révisée par des bénévoles. Les contributeurs ne représentent pas la MIND Foundation. Si vous trouvez des erreurs ou des incohérences, ou si quelque chose dans la traduction ne semble pas clair, veuillez nous en informer – nous vous remercions pour toute amélioration. Si vous souhaitez aider avec vos compétences linguistiques, vous pouvez également utiliser le lien et rejoindre les traducteurs du blog!

RÉFÉRENCES:

1. Hargreaves, D. J., & North, A. C. (1999). The functions of music in everyday life: Redefining the social in music psychology. Psychology of Music, 27(1), 71–83. doi:10.1177/0305735699271007

2. Nettl, B. (1956). Music in primitive culture, 51–53. Cambridge, MA: Harvard University Press.

3. Barrett, F. S., Preller, K. H., & Kaelen, M. (2018). Psychedelics and music: neuroscience and therapeutic implications. International Review of Psychiatry, 30(4), 350–362.

4. Bonny, H. L., & Pahnke, W. N. (1972). The use of music in psychedelic (LSD) psychotherapy. Journal of Music Therapy, 9(2), 87.

5. Fachner, J. (2011). Time is the key–music and altered states of consciousness. Altering consciousness: A multidisciplinary perspective, 1, 355–376.

6. Kaelen, M., Giribaldi, B., Raine, J., Evans, L., Timmerman, C., Rodriguez, N., … & Carhart-Harris, R. (2018). The hidden therapist: evidence for a central role of music in psychedelic therapy. Psychopharmacology, 235(2), 505–519

7. Kaelen, M., Roseman, L., Kahan, J., Santos-Ribeiro, A., Orban, C., Lorenz, R., … Carhart-Harris, R. (2016). LSD modulates music-induced imagery via changes in parahippocampal connectivity. European Neuropsychopharmacology: The Journal of the European College of Neuropsychopharmacology, 26(7), 1099–1109. doi:S0924- 977X(16)30016-5

8. Carbonaro, T. M., Johnson, M. W., Hurwitz, E., & Griffiths, R. R. (2018). Double-blind comparison of the two hallucinogens psilocybin and dextromethorphan: similarities and differences in subjective experiences. Psychopharmacology, 235(2), 521–534.

9. Shalit, R. (2012). Efficiency of psychotherapy involving altered states of consciousness: a call to reconsider our spiritual stance at the clinic. International Body Psychotherapy Journal, 11(2), 7–24.

10. Barrett, F. S., Preller, K. H., Herdener, M., Janata, P., & Vollenweider, F. X. (2017). Serotonin 2A receptor signaling underlies LSD-induced alteration of the neural response to dynamic changes in music. Cerebral Cortex, 28(11), 3939–3950


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